Buenos dias!
J’ai décidé d’écrire un petit message pour ceux qui nous lisent et qui sont moins familiers avec la navigation dans les tropiques (bonjour maman!).
Il est possible, dans les dernières semaines, que vous ayez trouvé qu’on n’avance pas super vite, et qu’on s’arrête pour des périodes assez longues, comme à Farmers/Georgetown et Luperón. C’est vrai. Il y a plusieurs raisons à ça.
Premièrement, on n’est pas pressés pentoute; la saison des ouragans est encore loin et il y a de la marge dans l’horaire pour aller se protéger plus au sud, comme à la Grenade, là où les ouragans sont plus rares car ils dévient généralement vers le Nord.
Deuxièmement, on est bien où on est; la vie n’est pas chère (depuis qu’on est à Luperón), les fruits sont savoureux et on explore plein d’endroits fabuleux.
Troisièmement (et c’est là le sujet de cette publication), on navigue à l’envers des vents dominants. Ça peut sembler trivial, mais c’est un peu plus compliqué qu’il n’y parait.
Des vents dominants, il y en a partout; chaque endroit sur la planète, selon la saison, a une direction d’où les vents viennent le plus souvent, et le plus fortement. Mais en mer, et dans les tropiques surtout, ça prend une ampleur particulièrement marquée.
Ici, on a la face dans ce qu’on appelle les « trade winds » en anglais, ou les « alizés » en français.
(Post written by Remy and translated by Magalie)
I decided to write a short message for those who follow us who are less familiar with navigating in the tropics (Hi mom!).
Maybe you thought that in the last weeks our progress has been quite slow, and/or that we tend to stop for long periods in the same spots (like we did in Farmers, GeorgeTown, and now Luperón). It’s true. And there are a few reasons for this.
First, we’re not in a rush at all, hurricane season is still well off so there’s room in the calendar to make our way further south, like to Grenada, where hurricanes and tropical storms are less likely to hit as they tend to pass north of there.
Second, life is quite good where we are! It’s inexpensive (since we made it to Luperón… not before!), fruits are juicy and fresh, and we get to discover tons of magnificent places.
Third (and that’s the idea behind this post), we’re moving against the dominant winds. It may sound trivial, but it’s a bit more complex than it looks.
There are dominant winds all over the globe. Depending on where we are on the planet and what time of the year it is, winds have directions and strengths from which they mostly blow. But in the tropics, this is remarkably true. Here, what blows in our face every day are called “the trade winds”.
Ce qu’il faut savoir, c’est que les alizés, ce sont des vents excessivement stables, qui soufflent modérément fort (15-25 nœuds), mais sans relâche, d’est en ouest et sur toute la largeur de l’océan atlantique (i.e. drette dedans notre face, tout le temps). Je n’entrerai pas dans les détails de leur mécanisme de formation; vous êtes assez grands pour chercher tout ça sur internet si vous êtes curieux. Par contre, je peux vous expliquer comment ça influence notre prise de décision quotidienne :
L’image ci-bas montre ce qu’on appelle un « pilot chart » du mois de février. C’est en quelque sorte une carte météo statistique. Ça ne dit pas quel temps il fera, mais ça dit quelles sont les chances que telle ou telle force et direction de vent se manifestent à un endroit et à un moment donnés. Regardez par exemple la petite « rose des vent » bleue (ben oui, une rose des vents bleue, on est rendus là) qui se situe au nord de la république dominicaine : la longueur des petites flèches bleues indique la fréquence à laquelle les vents viennent de cette direction, le nombre de « plumes » sur la flèche indique la force du vent moyen (sur l’échelle de beaufort) venant de cette direction et le chiffre au centre indique le pourcentage de temps où il n’y a pas de vent.
Trade winds are extremely stable, they blow across the entire Atlantic ocean, from Africa to the Caribbean along the tropical belt. They blow steadily 15-25kt slightly shifting E to ENE to E to ESE like a cat’s tail (which means in our face, all the time). I’m not going to get into the details of how they take place and the whole mechanism behind it, you’re able to google it yourself if you’re curious. What we want to talk about here, is how they affect our navigation and decision making.
The below image shows what we call the “pilot chart” for February. It’s like a large scale statistical weather map. It doesn’t tell anything about tomorrow’s weather, but instead it shows the probabilities of such and such wind direction and strength for a certain area and period of the year. Look for example at the small blue compass rose that is north of the Dominican Republic: the length of the blue arrows indicate the frequency of that wind direction, the number of feathers indicates the strength of that wind (in Beaufort scale), and the number in the middle indicate the percentage of times where there’s no wind at all.

Dans notre exemple, en février, au Nord de notre position, les vents viennent de l’Est 54% du temps (à force 4), du Nord-Est environ 15% du temps (à force 4) et du Sud-Est environ 10% du temps (aussi à force 4). Il n’y a pas de vent seulement 2% du temps. Toutes les autres directions se partagent le 21% restant. Bref, avancer vers l’Est n’est pas une sinécure – d’autant plus que les courants océaniques (flèches vertes sur le pilot chart) sont, eux aussi, dans la même direction!
Une fois que le vent souffle dans la bonne direction (miracle), il faut aussi considérer la houle résiduelle : si ça fait trois semaines que le vent souffle de l’Est, de la côte africaine jusqu’à nous, la houle qui s’est formée se maintiendra longtemps. Avec le vent alors en opposition à la houle, des vagues pointues vont se lever et ça, c’est ben mauvais pour les agrès, c’est ben mauvais.
Alors, qu’est-ce qu’on fait avec ça? Comment on navigue vers l’est?
Il y a deux méthodes. La première, qu’on surnomme en anglais la I-65, est la plus simple : On passe carrément au nord de la zone des alizés. Pour ça, on part du nord des Bahamas – ou même des États-Unis – et on va directement vers l’Est, ou même le Nord-Est. Rendus environ à environ 65 degrés de longitude (d’où le nom), on peut faire cap au sud, et on traverse la zone des alizées du nord au sud, avec un vent de travers, plutôt que d’Ouest en Est avec un vent dans la face.
Avantages : on n’a pas le vent dans la face, on est loin des côtes, on ne se prend pas de filets de pêche dans l’hélice, on fait plus de voile que de moteur.
Inconvénients : on manque toutes les belles îles, les fruits frais et les beaux endroits à visiter. On est aussi en navigation au large pendant 7 à 10 jours, ce qui nous expose davantage si un méchant système arrive du nord par surprise.
In our example of February, north of where we are today, winds come from the East 54% of the time (force 4), from the NE about 15% of the time (force 4), and from SE about 10% of the time (force 4 as well). There is no wind only 2% of the time. And all other directions share the leftover 21%. The green arrows also shows that the ocean currents are flowing in the same direction (obviously). In other words, going East is not a walk in the park.
And if (IF!!!) the wind happened to blow from a favorable direction (miracle), it would mean a serious weather system nearby, so we would have to consider the wave pattern created from the residual Easterly swell that’s hitting against the new temporary wind. Result : high amplitude, short frequency waves. Traveling more miles vertically than horizontally is never a good idea. So it’s a no go.
So what do we do? How do we make progress Eastward?
There are basically 2 known strategies. The first one is nicknamed “the I-65 route” and it’s pretty simple: it involves “making easting” north of the Trade winds. It starts north of the Bahamas (or anywhere on the East coast of the US) and we go straight East until we reach Longitude 65 (hence the name). Then we can turn right and go south, riding the trade winds on the beam instead of on the nose.
Advantages : wind is favorable, we sail far from land, we don’t get caught in a fishing net, we sail more, we motor less.
Disadvantages : we miss all the islands, fresh fruits, and beautiful scenery along the way, we are at sea for 7-10 days, there’s a bigger risk to get caught in unexpected bad weather.

La deuxième méthode, qu’on surnomme en anglais le Thorny Path (le chemin épineux), est la plus compliquée et c’est celle qu’on a choisie : il s’agit de faire des petits sauts de puce, d’île en Île, avec toutes sortes de techniques météo pour pouvoir avancer contre le vent.
Avantages : on peut visiter les pays sur notre route, faire de belles rencontres et manger des fruits frais.
Inconvénients : On fait de la voile moins souvent, on fait beaucoup de près et de moteur, on navigue près des côtes, on doit attendre des fenêtres météo rares, on navigue souvent de nuit et on risque de se prendre dans des filets de pêche.
The second strategy is nicknamed “the thorny path” (for all reasons covered above, it is not supposed to be easy!) but it’s the one we chose to take. It involves taking smaller legs along the north coast of DR and south coast of PR, using all sorts of weather effects of the islands (night lee, land breeze, katabatic winds) to make progress against the Trades.
Advantages : We get to visit more countries, meet more people, eat more fresh fruits.
Disadvantages : We wait for weather more, we motor or motor-sail more, we sail close-hauled more, we navigate near the coastline, we sail at night and risk to hook more fishing nets along the way.
Jusqu’à maintenant, la navigation vers l’Est se passe bien. On a rencontré plusieurs autres marins, ici à Luperón, qui ont eu la vie très difficile pour se rendre ici, et qui sont un peu exaspérés. On a peut-être été chanceux, ou on a peut-être bien fait les choses. Quoi qu’il en soit, notre progrès à l’Est, jusqu’à maintenant, a été plutôt serein. Nous allons continuer d’être patients, de faire nos devoirs et, avec un peu de collaboration de Poséidon, les prochaines traversées seront aussi agréables!
Alors voilà. J’espère que ces petites notes vous ont éclairé sur un des aspects de notre quotidien et que ça mettra un peu nos autres publications en contexte. Si vous avez des questions, n’hésitez pas!
Moi, je vais me faire frire des plantains.
A bientôt!
Until here, our navigation has been going SE from the Bahamas, and it went pretty well. We met many sailors here in Luperón who had much harder navs to get here, and are quite exasperated. Maybe we got lucky, or we did something right. Nevertheless, we’re pleased with our progress and are continuing to learn what we need to learn to keep going safely and happily. With a bit of patience and collaboration from Poseidon, there should be more enjoyable rides ahead.
So that’s it, I hope that this little intro to our new weather reality sheds some light on our adventure and that it will help put the next stories into better context. If you have any questions, don’t hesitate!
Now, it’s time to cook some plantains.
Talk soon!
This Post Has 14 Comments
Bonjour Magalie et Rémy. Toujours contente d’avoir de vos nouvelles!!! Vous lire m’a ramené à mon cours de météo Atlantique et à la Polynésie…pcq oui les Alizés…
Vous faites belle route, contente pour vous!
De mon côté j’ai très hâte de poser le pied sur Rubicon, ça s’en vient!!!
Je vous embrasse, portez vous bien! XXX
Oh patience Aline! L’été s’en vient 😀
Eh oui, la météo ça fait partie de notre quotidien n’est-ce pas!
PS: On est rendu à Samanà, après 3 nuits de nav contre les alizés… Ouf!
Bisous xx
Buenas tardes nuestros corazoncitos! Muchas gracias por esta pequena leccion meteorologica muy interesante!
Cependant, est-ce normal de ne pas accéder à votre position via le GPS? Par ailleurs, on comprend bien que vous menez une belle et bonne vie; profitez-en pleinement ça nous rend joyeux de vous savoir heureux.
Buen provecho! xxxxxx
You are an excellent teacher Mag!! I’m sure a lot of people learned a ton from this. Including me😊😂
Thanks Dave, but all credit goes to Remy who wrote the post 😉 Surprised and happy you learned something interesting 😀
Hum, ouin, on ne s’était pas rendu compte que le Garmin était arrêté… Désolé!!! On vient de le repartir, on est rendu à Samanà… On vous revient avec plus d’histoires bientôt! On vous aime fort xx
Bon Voyage – you are doing the right thing. Soon the trade winds will drop a little in strength and hopefully make it a little easier to make some easting. We’ll send north-east winds your way and hope you can take advantage of them.
All going well here but my recovery is very slow and fraught with pitfalls! I’m losing patience but Connie is patient and keeps me on track. Connie’s part Jane Fonda, that’s for the exercise piece, and part Jamie Oliver for the diet piece and this is the harder of the two to take!
Have a great time and soon more islands to take advantage of with lots of great food and fresh veggies. Best of all are the croissants and baguettes of Martinique and Guadeloupe.
All the best
Coucou!
Merci pour le cours de “Pilot Chart” 101 pour les nuls comme nous. Ça nous éclaire dans la
compréhension de votre navigation qui n’est pas toujours facile.
Si vous continuez de faire vos devoirs, la suite sera sûrement agréable.
Bonne navigation!
P.S. On a hâte d’avoir un compte rendu de votre séjour à la République Dominicaine
Love
MOM XOX
Pas vraiment tout compris mais compris que vous êtes heureux.
Salut Magalie et Rémy! Tout semble très bien se passer de votre côté. Un de mes bons amis vient de passer 2-3 jours a Luperon (S/V Torieux)…. J espère qu on se verra à la Grenade! On va essayer d etre la pour juin-juillet! Au fait, votre blog est super ben fait!
Nathalie et Mario ( S/V Kidd’O IV)
Want to be my navigator!
Allo, I learned a lot but I need to learn a lot more to understand everything about weather, winds and sailing.
You sound so happy that we have to be happy for you two. Enjoy your life and all your experiences, life is very short. Big hug to both of you.
Love,
Suzanne and Andre
Merci, cela va nous aider dans notre réflexion pour la navigation prévue l’année prochaine. Là, on remonte vers le Nord. On veut retourner au QC pour l’été voir la famille. On s’ennuie des petits enfants! Bonne continuation!
Bonjour Julie. La partie “planification” est souvent très abrégée dans nos histoires parce qu’on ne veut pas blaser les non-marins avec les détails. Mais si vous voulez en savoir davantage ou en discuter pour votre navigation de l’an prochain, n’hésitez pas à nous contacter directement! On a hâte de vous revoir! 🙂