Kaboom in Salinas

Ça faisait déjà assez longtemps qu’on était en territoire américain; on avait terminé nos emplettes au Walmart et on avait déjà beaucoup trop mangé de McDo. Le temps était donc venu de lever l’ancre et de faire un peu de route vers l’Est.

Comme d’habitude, la météo nous offrait une superbe fenêtre… à 4h du matin.

Étant un peu paresseux, nous nous sommes contentés de régler notre réveil à 5h juste avant l’aube… parce qu’on est en vacances après tout! (Ou du moins, on essaie de se faire croire qu’on l’est).

En navigation, il est souvent assez difficile de dormir dans la pointe avant. Quand l’étrave du bateau se soulève de 2 ou 3 pieds pour ensuite redescendre d’autant dans le creux de la prochaine vague, nous laissant en apesanteur pour une fraction de seconde, et nous écrapoutissant contre le matelas la seconde d’après… c’est pas top. Mais à l’ancre, c’est l’endroit du bateau le plus confortable.

Il faisait juste assez chaud, et le temps était juste assez sec pour que cette nuit de pleine lune soit parfaite pour dormir. Quand on dort si bien, le réveil vient toujours un peu plus rapidement qu’on le voudrait. Eh bien… ce matin-là, un peu plus tôt qu’on voulait, c’était 4h33.

Dans la liste des mauvaises manières de se réveiller, voici ce qui vient en première position : c’est quand une seconde vous dormez tranquilles, sous la doudou, les petits points fermés et vous laissant bercer par les douces ondulations d’une baie des Antilles, pour que la seconde d’après, tout le bateau se mette à trembler et à bouger, dans un bruit assourdissant qui semble venir de nulle part. Un genre de CRAACKK… qui dure plusieurs secondes.

Nous nous sommes tous deux levés, probablement plus vite que jamais dans notre vie, pour aller voir ce qui venait de se passer. Mais pour un bon dix secondes, j’avais les pensées aussi encroutées que les yeux, et je n’arrivais pas à comprendre ce qui venait de se passer. En courant pour aller voir sur le pont quelle était la situation, j’imaginais les différents scénarios possibles;

Est-ce que notre ancre a chassé et qu’on venait de heurter le fond? Surement pas… le bruit semblait venir de partout à la fois… si on avait cogné dans le fond, même si c’était des roches, ça n’aurait pas autant brassé de partout.

Est-ce qu’on venait de chasser jusqu’à la berge et que le bateau se fracassait dans les arbres? Pas possible… les deux côtés de la baie étaient couverts de mangroves, ça n’aurait pas fait autant de bruit!

Est-ce qu’on vient de frapper un autre bateau? Peut-être… mais comment on aurait pu pivoter si vite sur notre ancre pour faire une collision assez forte pour faire bouger les assiettes dans l’armoire?

En arrivant sur le pont, tout s’est un peu calmé, et je vois un autre bateau, un voilier, qui s’éloigne lentement de notre position. Les choses devenaient plus claires (un peu plus claires)… on venait de se faire rentrer dedans par un autre bateau… et de manière assez sérieuse.

Première réaction, mini panique; est-ce qu’on a cogné assez fort pour couler? Quel genre de dommages la collision a causé? Avec un tel bruit, je m’attendais au pire.

J’ai demandé à Magalie (qui était encore dans le bateau, en train d’essayer de s’habiller) de me passer la corne de brume : peu importe les dommages, ce dude là allait avoir des comptes à rendre… je voulais avoir des témoins, et de l’aide pour identifier le sacripant!

J’ai donc fait un méga pouet de corne de brume qui a probablement réveillé tout le mouillage (y compris l’équipage de Bigger Fish qui ne comprenait pas trop ce qui se passait.)

Je ne pense pas que ça soit à cause de la corne de brume… mais le fautif a finalement fait demi-tour.

J’ai alors demandé à Magalie (qui était encore dans le bateau, en train d’essayer de s’habiller), de me passer une lampe frontale, pour que je puisse mieux voir les dommages. Quoi que, juste avec la luminosité de la lune, on y voyait quand même clair.

Le balcon avant était appuyé dans l’enrouleur et tordu comme un bretzel, les filières pendaient des chandeliers et le feu de nav se balançait au bout de son fil – mais heureusement, pas de trous dans la coque et même aucun dommage apparent sur la fibre de verre. Ouf.

It had been quite a while since we were on American territory; we had finished our shopping at Walmart and had already eaten way too much McDonald’s. So, it was time to weigh anchor and hit the road East.

As usual, the weather offered us a perfect window at 4 a.m. Lazy as we were, we settled for setting our alarm at 5 a.m., just before dawn… because we were on vacation, after all! (Or at least, we were trying to convince ourselves that we were).

When sailing, it’s often quite difficult to sleep in the bow. When the bow of the boat lifts two or three feet and then descends just as much into the trough of the next wave, leaving you weightless for a fraction of a second before crashing you back onto the mattress… it’s not ideal. But at anchor, it’s the most comfortable spot on the boat.

The temperature was just right, and the weather was dry enough for this full moon night to be perfect for sleeping. When you sleep so well, the alarm always comes a bit earlier than you’d like. Well… that morning, a bit earlier than we wanted, it was 4:33 a.m.

In the list of rude awakenings, here’s what takes first place: when one second you’re peacefully sleeping, snuggled under the covers, eyes closed, being rocked by the gentle swells of a Caribbean bay, and the next second, the whole boat starts shaking and moving, accompanied by a deafening noise that seems to come from nowhere. A kind of CRAACKK… that lasts several seconds.

We both got up, probably faster than ever in our lives, to see what had just happened. But for a good ten seconds, my thoughts were as muddled as my eyes, and I couldn’t understand what had happened. As I ran to see what the situation was on deck, I imagined the different possible scenarios:

Did our anchor drag and we hit the bottom? Probably not… the noise seemed to come from all directions at once… if we had hit the bottom, even if it was rocks, it wouldn’t have caused such a commotion.

Did we drift all the way to the shore and the boat crashed into the trees? Not possible… both sides of the bay were covered in mangroves, it wouldn’t have made that much noise!

Did we hit another boat? Maybe… but how could we have turned so quickly on our anchor to make a collision strong enough to make the plates in the cupboard move?

As I arrived on deck, things had calmed down a bit, and I saw another boat, a sailboat, slowly moving away from our position. Things were becoming clearer (a little clearer)… we had just been hit by another boat… and quite seriously.

First reaction, a mini panic: did we hit hard enough to sink? What kind of damage did the collision cause? With such a noise, I expected the worst.

I asked Magalie (who was still in the boat, trying to get dressed) to pass me the foghorn: no matter the damage, that guy was going to be held accountable… I wanted to have witnesses and help in identifying the scoundrel!

So, I blasted the foghorn, which probably woke up the entire anchorage (including the crew of Bigger Fish who didn’t quite understand what was happening).

 

I don’t think it was because of the foghorn… but the culprit eventually turned around.

I then asked Magalie (who was still in the boat, trying to get dressed) to pass me a flashlight so I could better assess the damage. Although, even with the moonlight, we could still see quite clearly.

The bow pulpit was wedged into the furler and twisted like a pretzel, the lifelines were hanging from the stanchions, and the navigation light was swinging at the end of its wire – but fortunately, no holes in the hull and no apparent damage to the fiberglass. Phew.

Le bateau fautif était maintenant rendu assez près pour qu’on puisse remarquer qu’il battait pavillon Canadien. C’était une bonne chose. Peut-être à cause du stress, le premier réflexe du capitaine sur l’autre bateau a été d’essayer d’argumenter qu’il n’était pas en faute, et que l’accident était notre responsabilité, que notre feu de mouillage était fermé (en regardant en l’air, on voyait ben qu’il était allumé), qu’on était ancré dans un canal de navigation (c’est un mouillage, y’a pas de bouées, et des bateaux tout autour) et qu’on était impossibles à voir (on voyait tous les bateaux autour… c’était pratiquement la pleine lune!). M’enfin. Après une courte discussion, et une fois le calme revenu, j’ai demandé à Magalie (qui avait enfin réussi à finir de s’habiller), de me passer les cartes d’affaires pour qu’on puisse échanger nos coordonnés.

On a donc échangé quelques mots, et utilisé une gaffe (en pleine extension!) pour s’échanger nos cartes d’affaires. J’étais peut-être un peu parano avec l’histoire de la gaffe, mais ce bateau-là n’allait pas s’approcher plus que ça. No no noooo!

Nous avons informé l’autre bateau de notre itinéraire et avons convenus de nous rejoindre à Saint-Martin pour y faire faire les réparations. En plus d’être sur notre route à tous les deux, l’ile de Saint-Martin (France)/Sint-Marteen (Hollande) est un endroit où les ressources abondent pour faire réparer un bateau.

Un lashing de dyneema pour remettre les filières en état, et nous étions nous aussi en route.

The offending boat was now close enough for us to notice that it was flying the Canadian flag. That was a good thing. Perhaps due to stress, the captain’s first reflex on the other boat was to argue that he was not at fault and that the accident was our responsibility, that our anchor light was off (looking up, it was clearly on), that we were anchored in a navigation channel (it’s an anchorage, there are no buoys, and there were boats all around), and that we were impossible to see (we could see all the boats around… it was practically a full moon!). Anyway. After a brief discussion, and once calm had been restored, I asked Magalie (who had finally found some clothes to put on) to pass me our business cards so we could exchange contact information.

So, we exchanged a few words and used an extended boat hook to exchange business cards. I might have been a bit paranoid with the boat hook, but that boat wasn’t going to get any closer. No, no, noooo!

We informed the other boat of our itinerary and agreed to meet in Saint-Martin to get the repairs done. Besides being on both our routes, the island of Saint-Martin (French)/Sint Maarten (Dutch) is a place where resources abound for boat repairs.

After a lashing of Dyneema to fix the lifelines, we were also on our way.

Nous avons fait un petit arrêt à Sainte-Croix (Iles vierges américaines) pour mettre un peu de carburant et avons poursuivi notre route jusqu’à la baie de Marigot le lendemain.

Finalement, notre arrêt à Saint-Martin a été un peu plus long que prévu. On en a profité pour faire des travaux et manger du fromage… beaucoup de travaux… beaucoup de fromage.

On a refait toute la plomberie du bateau en PEX, remplacé le vieux chauffe-eau de 40 ans qui commençait à juter orangé, et bien sûr, fait refaire un balcon avant tout neuf!

 

Tous les détails sur St-Martin dans le prochain article!

We made a quick stop in St. Croix (U.S. Virgin Islands) to refuel and continued our journey to Marigot Bay the next day.

Finally, our stop in Saint-Martin took longer than expected. We took the opportunity to do some work and eat cheese… a lot of work… a lot of cheese.

We redid all the plumbing on the boat with PEX, replaced the old 40-year-old water heater that was starting to leak rust, and of course, had a brand-new bow pulpit made!

__________________

Translated with artificial intelligence, but written with my natural clumsiness.

Sneak Peak on the new pulpit we got in St-Martin...

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This Post Has 10 Comments

  1. Robert

    Moments stressants, mais qui se terminent bien! Pratique d’urgence pour Magalie: exercice d’habillage rapide. Intéressant de savoir ce qui se passe dans la tête du capitaine!
    Belle continuation vers les Antilles françaises xxxx

  2. Jocelyne

    Coucou les navigateurs!
    Comme je peux voir, c’est un voyage d’aventure que vous faites, pour ne pas dire de mésaventures. J’espère que vous en aurez pas d’autres de ce genre-là. Au moins, le type vous a remboursé la réparation que Mag m’a dit. Mise à part les émotions , ça vous fait quand même un balcon neuf 🙂
    J’ai bien hâte de vous revoir!
    À+
    P.S. Petite interrogation dans la partie en français, je me demandais si Rémy avait inventé de nouveaux mots: “écrapoutissant” (j’imagine qu’il voulait dire “écrabouillant”) et “Dude” ??

    1. Magalie Laniel

      Oui, Remy et moi on invente régulièrement des nouveaux mots! Mais dude c’est un mot emprunté de l’anglais 😉

      1. Remy Boucher

        Oui, puisqu’on écrit généralement nos articles en naviguant à l’abri de l’OQLF, dans les eaux internationales, on a le droit d’emprunter des mots à l’anglais et même d’en inventer des nouveaux!

        Ainsi, dude, c’est un anglicisme.

        Par contre, écrapoutir, c’est un vrai mot français!

        (La suite il faut la lire après avoir siffloté l’air des capsules linguistiques de Guy Bertrand)

        Écrapoutir et un verbe d’origine poitevine qui était en usage en France jusqu’au 17e siècle, et qui l’est toujours au Québec et en Acadie.
        En France, on lui préférera les termes « écraser » ou « réduire en miettes ».
        ***
        Je ne sais pas si je vais un jour m’en servir au scrabble. Juste en cas d’urgence, disons.
        ***
        https://www.noslangues-ourlanguages.gc.ca/fr/conjugart/ecrapoutir
        ***
        Petite note amusante, vous remarquerez que je ne peux pas vous recopier l’article du site, puisque les droits d’auteur ne m’appartiennent pas. Ils appartiennent « à sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par le ou la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement »
        C’est écrit en bas de la page. Oh là là.

        1. Jocelyne

          Merci Rémy pour la précision. Je suis contente d’en apprendre davantage.
          Mais je suis de l’ancienne école et encore au bon vieux Larousse, je ne me suis pas modernisée au portail linguistique du Canada.
          C’est de bonne guerre et à une prochaine partie de Scrabble ensemble l’été prochain.

  3. Daniel

    Toujours super de vous lire! La^chez pas
    Daniel
    LaFamiliale

  4. Carl Gross

    Sound like you were very lucky. What was the offenders story and did he pay

    1. Magalie Laniel

      They were very nice and honest. They met with us in St-Martin as soon as they arrived (a week after us) and gave us euros to cover the quote we had. Later on they paid for the few extra not yet accounted for (nav light, hardware, etc) so yes we were lucky to be hit by great honest people! The incident cost us time, but not money!

    2. Magalie Laniel

      We haven’t really heard their story, other than they just didn’t look carefully enough. Were they down below making coffee? Or were they just too buried under the dodger-bimini to have a clear view in front? We don’t know…

  5. Andrea

    So very glad it was no worse and you and the boat are ok.

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