4 – 16 août 2021
Après notre semaine de *relâche* on est revenu en Gaspésie avec Christian qui allait rejoindre Gaël sur Gravlax pour quelque temps. Sage nous attendait, bien tranquille à quai à Rivière-au-Renard. Durant notre court séjour, on a eu la chance de profiter de la générosité et de la confiance infinie des Gaspésiens. Le maître de port, M. Clément, a insisté pour nous prêter son camion pour qu’on aille déjeuner au Café de l’Anse, un de ses restos préférés, au village d’à côté. On en a profité pour aller faire une petite épicerie et remplir un jerrycan de gaz pour le dinghy. C’est quand on est à pied, tout d’un coup, qu’on se rend compte à quel point notre voiture est au centre de notre mode de vie actuel…
Le lendemain on est parti rejoindre GravlaX dans son port préféré : Grande-Grave, dans le majestueux parc Forillon. C’était dommage qu’il soit trop tôt pour que le soleil plombe sur les hautes falaises du parc lors de notre passage, même avec les jumelles, on avait peine à capturer la pleine beauté de la place. Heureusement, on a eu la chance d’en voir un peu plus lors de notre rando à la tour d’observation.
On a passé du bon temps avec nos précieux amis, pêché un peu de maquereau, et mangé beaucoup de maquereau cuit sur un feu de camp digne de ce nom. Notre fenêtre météo est arrivée 2 h plus vite que prévu. Samedi soir, après le souper on a fait une petite sieste avant de partir. Le vent à viré 2 h plus tôt alors on s’est affairé à partir aussitôt pour ne rien gaspiller… On a bien fait, car on a eu 21 h de belle voile sur une traversée de 24 h, pas pire pantoute !
À la sortie de la baie de Gaspé : 20 kt de portant, plancton phosphorescent et étoiles filantes… Même si j’ai bien nourri les poissons (avec rien de moins que mon spaghetti gratiné) dès qu’on est sorti de la baie, ça n’enlevait en rien la magie du moment. On a eu une super belle traversée, facile, au portant tout le long, en larguant nos ris au fur et à mesure que le vent faiblissait.

On est arrivé aux Iles à L’Étang-du-Nord, un petit port de pêche du côté ouest de l’ile centrale. On est arrivé de nuit, mais ça ne changeait rien, car le port est aussi éclairé qu’un stade de football américain. Lysandre, qui était déjà là sur son voilier Orange nous a accueillis chaleureusement en attrapant nos amarres et en nous aidant à juger si nous rentrions dans le « trou qu’il restait ». Son chat Gugu n’a pas tardé à venir inspecter notre bateau de fond en comble (je crois que nous avons passé le test, car il est revenu nous voir tous les jours). Ensuite, hop à la douche, une bonne nuit de sommeil nous attendait…
La semaine suivante a été très TRÈS relaxe. À part deux petits tours à Cap-aux-Meules avec l’auto de Catherine pour faire l’épicerie et le lavage, notre vie se passait à pied entre le quai, le Café l’été, la Crèmerie du Port, la plage, et la microbrasserie À l’abri de la Tempête. Il a fait beau et chaud toute la semaine, on a travaillé et fait quelques bricoles sur le bateau, jasé avec nos voisins de quai, et repris de l’avance sur nos heures de sommeil.
Le samedi suivant, l’heure a sonné quand Windy dit : votre fenêtre météo est arrivée ! On a quitté L’Étang-du-Nord pour aller passer la nuit à l’île d’Entrée, question de se rapprocher de notre prochaine destination. Je ne gaspillerai pas de mots à vous décrire notre journée de voile… La voici :
À l’île d’Entrée, on a encore eu un accueil généreux et efficace sur le quai, il y avait Ecomaris et leur équipage de 16 personnes juste à côté. On a passé la soirée avec eux au bord d’un feu de camp encore plus chaud que le dernier.
0600 dimanche matin, et hop on largue les amarres. Malheureusement, cette journée-là n’était pas ce qu’on pensait qu’elle serait. Le vent était beaucoup trop faible pour nous faire avancer au portant dans cette houle résiduelle de la veille. Le bateau qui ballotte de tout côté, les voiles qui se débâtissent à tout bout de champ… l’horreur. Il n’y avait qu’une option, continuer au moteur. Se faire ballotter, on ne s’en sauverait pas, mais au moins, le vit-de-mulet n’allait pas s’arracher du mat…

70 miles plus tard, la réserve de diesel commençait à être basse, mais on s’est rendu, et on a même trouvé un petit port de pêche pour nous accueillir et nous renflouer ! En premier on voulait aller à Dingwall. Une chance qu’on a appelé avant d’arriver… impossible de rentrer là à marée basse. La gentille dame du port nous a fait quelques suggestions. On s’est retrouvé à Baie St Lawrence, tout au bout de la pointe du cap Breton. Une chance là aussi qu’on n’était pas à marée basse… Quand Rémy a vu le chiffre 4 sur le sondeur entre le quai principal et le ponton de fuel, il n’avait qu’une chose à me dire : TIENS-TOI BIEN !!!
Rémy : « Penses-tu que c’est plus creux vers la gauche ou vers la droite ? »
Mag : « Euhhhh… un peu plus à droite peut-être ? »
C’est tout, fin de la péripétie, on n’a pas frappé le fond, ni en allant se mettre à l’épaule d’un bateau de pêche pour la nuit, ni en ressortant de là le lendemain matin à marée baissante. Comme quoi des fois se fier à notre gut feel ça marche bien (fiou).

On avait peut-être mal évalué les conditions de vent de la veille, mais chose certaine, on ne s’est pas trompé pour planifier notre entrée dans le lac Bras d’Or ! Le lundi 16 août, c’était une journée parfaite ! C’est certain que de sortir du petit port de pêche à 0600 sans cogner le fond c’était déjà un grand succès, mais ce n’était que le début !
On a eu une SUPER journée de voile le long de la côte nord-est du cap Breton. Avec un vent d’ouest toute la journée, on était au travers sur une mer protégée par les hautes montagnes. Le vent était fort et variable avec le relief, il fallait trimer constamment…
Pendant que Rémy reprenait un peu de sommeil perdu, moi et PA (le Pilote Automatique) on s’amusait comme des petits fous ! Lui à la barre (il est boqué PA, il veut toujours juste barrer), et moi à l’écoute de GV, prête à attraper toutes les puffs, les adonnantes, les refusantes, amènes-en des puffs, j’étais en FEU ! C’était la course contre personne, mais c’était la course pareil ! Et le paysage à couper le souffle, le soleil qui plombe sur les falaises, les oiseaux, les moutons… malade.

Mais vous ne savez pas encore ce qui était aussi super « malade » dans notre journée. Le TIMING les amis ! Oui oui, pour rentrer dans le lac Bras d’Or, il faut le bon timing ! Tout le monde le dit, n’essayez pas de rentrer avec le vent contre le courant, ou même avec le courant dans le mauvais sens… C’est un lac de 1100 km2 et la marée passe par une embouchure de 300 m de largeur. (Pour vous donner une idée, sous les ponts de Québec c’est 500 m.) Donc, disons qu’il peut y avoir du débit dans le petit entonnoir, et on ne voulait pas se tromper. Après quelques lectures et recommandations, nous trouvions très bizarre que les gens recommandent de passer à l’étale, mais 3 h avant la marée haute ou basse (selon la direction du passage). D’habitude à Québec, 3 h avant ou après la marée, c’est le courant maximum, pas l’étale. Bref, toute cette contradiction devait être élucidée, donc je vous explique !!! Le lac, il est énorme, giganormous. Et sa connexion à la mer — l’entonnoir — est très petite. La marée n’a donc pas le temps, en 6 h, de remplir ou vider le lac. Donc il y a la marée en mer (qui varie) et il y a le niveau du lac (qui est presque stable) et qui se trouve à mi-chemin entre la marée haute et basse moyenne. Tout cela pour vous expliquer pourquoi le courant, lui, change de direction à la mi-marée, plutôt qu’à la marée haute ou basse. En d’autres mots, quand le niveau de la mer est plus bas que celui du lac, l’eau sort de l’entonnoir. Et quand le niveau de la mer est plus haut que celui du lac, il y entre. Voilà ! Bon, là vous allez me dire que c’est super simple et évident, mais non, je vous jure qu’avant d’avoir trouvé un article scientifique qui modélisait le pattern des courants dans le lac, tout ça était très difficile à comprendre… Bref, on était très content de se coucher moins niaiseux, et d’avoir fait notre entrée tout en douceur dans le gigantesque lac Bras d’Or.

This Post Has 6 Comments
Superbe voyage!!!
Que j’aime vous lire! 💕
Buen viaje !
Wow! So wonderful to be able to follow you (or try) in my case. Thank you so much for sharing. I LOVE to read you. Merci merci merci!!!
Great Pics….Glad you are sailing…..
Magnifique! Les photos sont superbes 🙂 J’adore voyager avec vous !